River song
Partons en promenade.
En cet après-midi d’automne un peu frileux
traversons la prairie puis le bois de mélèzes
empruntons le sentier qui va vers la cascade
installés côte à côte sur les galets humides
nous pourrons regarder un moment la rivière
égarer ses méandres et serpenter sans fin
entre les roches noires et les herbes légères
l’autre rive se fond dans la brume bleutée
et bien que le soleil caresse encore la terre
le fond de l’air fraîchit, il tremble doucement
peut-être faudrait-il faire un feu de brindilles
ou bien nous agiter et battre la semelle
lever le bras, les yeux, regarder haut et loin
et jetant des cailloux d’un lancer énergique
faire frissonner l’eau, agacer ses reflets
entendre le son mat de la pierre qui tombe
l’écouter ricocher au milieu du courant
puis se perdre au profond, disparaître...
Mais si le ciel se couvre ou que le vent se lève
et si nous nous lassons brusquement de jouer
lâchons prise, effritons le gravier sous nos doigts
renvoyons le au sable, éloignons-nous du bord
oublions les remous que nous avons créés
Revenons sur nos pas.